vendredi 26 février 2010

Décompte


10) Dont regorge ta chemise

9) Auxquels je me fie

8) Dont les sinuosités satinées sont éligibles

7) Où il fait bon se perdre

6) Par lesquels la folie s'érige

5) Où abondent les rondeurs que je respire

4) Au sommet desquels affleure

3) Pour lesquels un frisson

2) Qui saturent les dentelles

1) Où se love l'origine

mercredi 24 février 2010

Dispersion

De minuscules êtres
Une foule délicate
Trop cool
S'approchent en silence
Et dispersent mon corps
De petits cubes
De coeur séchés
De mayonnaise en tube
Que l'horizon a recrachés
Et qui palpitent encore
D'un espoir fol
Quand remonte l'astre clair
Au zénith
De ses hanches

Foi

Je ne croirai en tes yeux
Que j'en aurai léché le sel

Je ne croirai en tes épaules fines
Que j'en aurai fait craquer
Les os sous mes paumes

Je ne croirai en ton nez mutin
Que je l'aurai écrasé contre le mien

Je ne croirai en tes lèvres de velours
Que j'en aurai fait perler la sève écarlate
Mordillant la trace blanche
Cicatrice sous ton nez

Je ne croirai en toi
Déesse baroque et muette
Que tu m'auras roué, écorché, désaliéné
Des moelles pâteuses
Qui gavent mes sommeils

Orage et désespoir

De ta bouche est venu
L'éclair qui m'a foudroyé

Pas glamour

Le doigt sur la couture
De tes lobes
Occipitaux
Je guettais l'éclosion
De ta flore palatine
Quelques infimes figments
De lumière fractale
S'éteignaient tour à tour
A ton front fissuré
Et livraient ses contours
Libres et gris
Aux bourreaux impatients
Un implant vespéral
Avait surgi ici
Vaguement imploré
Un souvenir palot
Là, las et démembré
Mais quoi, tu saignes encore ?
En vérité
L'attente a calenché
Il n'en restera rien
Je choisis de te fondre
Toute
En un caramel mou
Qu'on jettera aux chiens

Réveil

En poussant les volets
Ce matin-là
Libre et nue
Sous ta chemise longue
Tu respirais l'aurore
Et la lumière rose
Sur la rosée venue
Faisait une auréole
A tes cheveux défaits

Ô tristesse

Le passé qui ne passe pas
Cette langueur qui jamais ne me lâche
Quelque tentative inhabile
Que j'exécute
Comme un condamné
Que je hache
Sur des sentes filandreuses
De saumâtres futurs
Inarticulés
Plongés froids
Dans le seau de désirs
Noyés
Et qui meurent
Qu'à force
Je ne sens plus mes yeux
Comme de petits chats
Non désirés

Si je te prends par la main

Que je t'emmène par les prés
Jusqu'à cette carrière secrète
Où nous jouions enfants
Que je te porte pour passer les clôtures
Que je te prends dans mes bras
Pour traverser le petit bois
Et grimper les talus
Rendus près de l'étang
Sur ces berges calmes
Où l'ombre des noisetiers
Joue à se balancer
Pourrai-je enfin
Songer
A pourfendre le vent
Vaincre les éléments
En serrant fort ta main
M'allonger sur la mousse
Rêver
Dans un demi-sommeil
A mourir sereinement ?

Trache

Le type, il arrive en tenant dans ses mains ses boyaux
Devant son ventre ouvert
Il est fier, il marche lentement jusqu'à l'autel,
Il pose tout sur la pierre froide
Et commence à bricoler son intestin grêle
Il fabrique un noeud coulant
Quand il a fini, il vérifie tranquillement que ça coulisse bien
Puis il se le passe autour du cou
Monte sur la table puis accroche le tout au lampadaire
Qui n'est pas exactement au-dessus de l'autel
Alors en prenant sa respiration avec un sourire,
Il se jette dans le vide.
L'intestin craque, se déchire,
Un lambeau reste accroché là-haut
Il roule à terre,
S'assoit, réfléchit, puis dit tout haut :
"Merde, quel con, j'aurais pu me blesser !"

Trouvaille

J'ai retrouvé
Sanguinolente
Au fond de la cuvette
Une illusion perdue
Un truc insignifiant
Pour qui ne sait voir
Pour qui n'a pas vu
Les lymphes sympathiques
Versées dans la poésie
Des corps étrangers
Inassimilables
Et moi je voulais
Les accorder
A mon horloge neuronique
Parce que
Qu'est-ce qui m'empêcherait de
Rouler cette pelle immense
Aux anges empêtrés
Dans des toiles usées
Et dont
J'aspirerais l'âme fluide
Les laissant choir
Comme peau vide
Et flasque
Sur le ciment froid ?

Tourner la page

Elle disait "Je ne me souviens pas bien"
Elle pensait qu'il faudrait y revenir
Au bout du compte
Elle n'avait pas de certitude,
Et n'avançait d'hypothèse
Qu'en posant de nouvelles questions.

Je me souviens de ses yeux
Elle avait le regard noir
Flamboyant de l'intérieur
Ardente image dévorée de doute
Une pâleur sur ses joues
Quelque chose de tendre
Et qui attend
Plein d'espoir
Sans illusion.

On a tort d'imaginer
Les avenues dégagées
Les rendez-vous secrets
Les longues balades le long des bois noirs
Dans un silence fantasmé
Ces réponses tordues
Qui n'ont pas de sens
Qui sont des squelettes de papier.
Il faut pourtant bien une marche
Quelque part où poser le pied.

Car quand tout a sombré
Qu'il semble qu'il ne reste rien
De ces châteaux de sable
Enchantés pleins de folie
L'heure est à la grande braderie
Du fond des illusions
Et du coeur des fables

Il faut savoir tourner la page.

Ôde aux cannelés de Valérie

Ô Valérie, toi la crème des pâtissières
Soudain révélée à l'humanité
Pour tes purs délices culinaires 
Que n'avais-je plus tôt testé tes cannelés !
Discrètement serrés au fond d'un Tupperware
Ils ont bien mérité une ôde au Défoulwar
Nulle part même dans les meilleures librairies
N'en ai goûté de tels -n'en soyons pas surpris-
Mais plus élogieusement jamais pâtisserie
N'en délivra ainsi et de si succulents
Je te rendrai ta boîte mais bon, elle sera vide
En souhaitant derechef  qu'tu lui remplisses le bide
Pardonne moi cette rime certes un peu ridicule
Mais tout ça c'est pour dire que tes gâteaux succulent !

Sieste

Ta frimousse
Dans l'herbe verte
Tes yeux clos
Reposés
Un peu de sérénité
Pendant que j'observe
Ton petit nez qui bouge
Dans ton demi-sommeil

Je t'aime

Je t'aime comme une grosse vache
Qui se meut sans grâce
Et traîne
Son adipeux chagrin
Aux quatre coins du pré
Et ça fait mal
Pire
Que d'aucune marmite
De lait bouillant
Dans les yeux
Pis que tout
Même
Que d'aucune mammite
Purulescente
D'aucune aphteuse
Dégénérescente
Fièvre des sous-bois
Qui s'insinue
Sous le cuir usé
Des bovins encornus
Qui beuglent comme des veaux
A l'abattoir
De la SOVIBA
En mon Anjou perdu
Que d'aucune spongiforme
En ces folles apathies
Ibères locomorphes
Polyglottes esquintées
Par des années lumières
De rut et de raygrass
Prétend-elle perturber
Les chaudes masses saoules
En faire tout ce foin
Entend-elle chasser
Le spleen des pâtures
D'un coup rageur de queue
Nier le vert des prés
Prétendre que
Comme un gros sac à lait
Eventré
De toute sa bile grasse
Roulant dans la farine
Je t'aurais oubliée
Non.
Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime

J'ai posé

Sur le bout de ta langue
Une pointe de métalangage
En couleurs irisées
Au goût de cerise nouvelle

La larme

Elle a roulé
Du coin de ton oeil droit
Jusqu'au bord de ta bouche
Trace noire de Khol
Sur ta joue
Petit chemin hésitant
Que je suis lentement
Sombre
Comme une vallée de larmes
Jusqu'à tes lèvres
Qui me désarment
Qui débordent de maux
Fosse peu commune où
Ta salive
A comme un goût.

Et levant les yeux au ciel

Il vit qu'il pleuvait des gouttes de sang.

Sans titre

Ne restent au fond de moi
Que la folie et moi
Prendre tes deux seins
Modeler une sphère de feu
La plonger dans ma gorge
Et retenir la bile
Qui remonte et s'insinue
Du fond des heures
Etouffer à petit feu
L'horreur de ces moments
Que personne d'autre
Nulle part
Jamais
Même à ton pire ennemi

Ne garde rien

Dans le surplis de ton manteau
Y plongeant la main
Des années plus tard,
Tu n'y trouveras que de l'eau.

Neige

Je marche en bateau ivre
Il n'en reste pas rien
On pourrait bien me suivre
Mais je suis déjà loin

La neige me rassure
Je marche donc je suis
Ces traces dans la rue,
C'est ma vie que j'écris

Un récit hésitant
De mes pas, lettres noires
Sur le blanc des trottoirs
Cousu d'anciennes peurs
De désirs nouveaux
Que je sens finissant

Et quand la neige aura fondu
Que des milliers de pas
Auront brouillé l'histoire
Auront tout confondu

Qui donc s'en souviendra ?

Comme je les aime

Ces statues monolithes
Qui me suivent en tout lieu
A l'ombre desquelles
Quand je suis lassé
Contre lesquelles
Lorsqu'étourdi
Avec lesquelles pour partager
Les grands moments festifs
Les petits moments
De rien du tout
Du quotidien crade et banal
Les croissants du matin
Et les promenades
Le long du quai
Ces statues
Stables comme des collines
Fières comme les sourires
Qui croquent les petits matins blêmes
Mes copains
Comme je les aime

Séchage

Aux ailes déployées
Immobile
Au soleil de janvier
Je sèche
D'un bain de vitriol

Sans titre

Ton ventre comme une table
Où je repasserais
Avec sérieux
Mes cours d'anatomie
Dans un halo de lumière faible
Faisant des pauses
Pour contempler
L'encrier doux de ton nombril
Inhubérant

Ton ventre comme une armoire
A songes d'autre part
Dont je caresserais
Le bois vernis des étagères
Qui sous mes doigts
Frémiraient d'aise

Ton ventre comme un tiroir
Frêle et soucieux
Inquiet de l'avenir
Qu'on n'ose plus ouvrir
De peur que ne s'échappent
Les petits bonheurs simples
Patiemment engrangés

Ton ventre comme un livre ouvert
A la page des enfantements

Peu me chaut

Peu me chaut
Que nous soyions en froid
Le temps panse les plaies
Dis, tu me reviendras ?

Hein, dis, tu m'reviendras ?
Les bourgeons montreront leur nez,
Dans un petit brouillard printanier,
Avec des poches sous les yeux
D'avoir été trop amoureux,
On dit qu'on serait dans un jardin
Et ça c'est typique du bonheur
Où pousseraient ça n's'invente pas
Des fruits de la passion et des ne m'oublie pas
Comme les chairs de poules
A tes bras nus de brume
Faudra qu'tu penses à mettre un pull
Il manquerait plus que tu t'enrhumes
Si ça rime pas et qu'c'est bancal
J'ai pas trouvé de rime en "ule" !
T'inquiète Bounette, c'est d'la licence
Et à propos j'ai souvenance
D'un bout d'chanson de cet idiot
De Philippe Val, mais rigolo :
"Pour te plaire, ah, quel boulot,
J'ai dû délaisser Hugo
Verlaine et Appolinaire
Pour lire du Kant quelle galère !
Mais ça valait la chandelle :
Sous tes airs immatériels
Tu cachais des connaissances
Supérieures à la licence." *
D'avoir négligé de dormir,
De n'avoir pensé qu'à guetter
Les commissures de tes sourires
Au long de minutes égrenées
Qu'il faudrait surtout pas manquer
Sous peine d'avoir rien pigé
Rien piqué rien picoré
Et c'est typique du bonheur
A surveiller tes pieds mouillés,
Tu vas encore attraper froid
Où comme ils disaient autrefois,
Tu vas sombrer dans des langueurs
Quand on en pince pour quelqu'un
Et on dirait que ce serait toi
Ce serait une grave erreur
De n'pas te garder sous les draps
Et tu vois bien que peu me chaut
Que nous soyions encore en froid

Si tu me reviendras.




* "L'étudiante", Philippe VAL, 1988

Goûter

Ce n'est pas tant
Autrefois
Que j'aimais les mûres

D'ordinaire
Le boulanger
Me laissait indifférent

J'appréciais seulement
Qu'il fasse du pain
Dont les tartines
Etaient constellées
De larges trous
Au travers desquels
S'insinuait malicieuse
La confiture trop liquide

Car alors dans l'herbe assise
Moment sacré du goûter
Constatant les gouttes du sang sucré
Sur tes cuisses blanches
De fillette des bois
Tu me disais le regard absent :
"Lèche !"

Pressage

Te prendre dans ma main
T'y regarder dormir
Puis sans te réveiller
Serrer le poing
Du jus de toi
Qu'on lapera
Dans un fou rire

Prédation

Pareil à
L'asiatique frelon
En vol stationnaire
Dans ta salle de bains
Patientant
Impatiemment
Que l'abeille
Ecarte enfin
Le rideau de sa douche.

Insomnie

Parfois, au cours de longues traversées nocturnes,
Lorsqu'il nous semble qu'apparait dans un éclair
Le sens de toute chose
Et que s'étirent les veilles infinies d'une attente fébrile
Haletant d'un espoir ténu de retenir cette vision
Sachant les chiens au loin plongés dans un sommeil hâché
Et qui soudain se réveillant
Tirent leur chaîne, hurlent à la mort
Vers ces cieux déchirés où rêvent des enfants
Petits roulés en boule leurs songes contournés
Tout entier désireux de la chaleur des hommes
Du confort des seins d'une mère évaporée
Alors que sous les ponts s'étirent des eaux noires
Qui se perdent en des bains où prospèrent les monstres
Quand l'ombre des cyprès sous le vent se balance
Eclairant par instant des tombes délaissées
Sachant les Amours fades et les regrets ardents
Songeant avec effroi au retour livide
D'une aube crue à la chair insipide
Je pense à toi

Allumage

Juste là
Doucement
Passer le majeur
Trouver dans le noir
Le petit bouton
Interrupteur
Qui t'amènera
A la lumière

Pense-bête

- Garder le ciel dans l'enclos
- Ecouter la pluie qui ne tombe pas
- Déverrouiller les Chakras clos
- Supposer des incongruités affectives
- Prendre le temps par les sentiments
- Tenter de somnoler quelque chose
- Acheter du dentifrice Fluoryl
- L'oublier 1mn35 par jour pour commencer

Rumble

Suivi la rivière
Qui défilait
Dans l’air frais d’une aurore rose et bleue,
Des filets de brume claire s’effilochaient en remontant des eaux noires
Tout autour et dans le lointain, la rumeur de la ville qui s’éveillait
Toute une vie grouillante
Bien au-delà des coteaux
Comme un grondement de bête affamée
Les flots de halos lumineux des files de véhicules
Longs serpents bienveillants
Impatients de faire vivre ce jour tout neuf
Aux autres vivants
Du monde encore endormis
Des chauffeurs invisibles derrière leurs vitres noires
De longues traînées de feu
Blanches et jaunes
Comme des traces de craie
Laissées par des enfants
Sur le sol granuleux
Un soleil à peine né incendiait l’horizon par-dessous les nuages
Et tout cet univers immense gris bleu comme l’ardoise,
Mauve et rouge mélangés comme des reflets de soie
Dans un coin de pénombre
Avec la certitude
Soudain,
Que tout irait au bout,
Que ce monde magique irait s’incendier
Se consumer dans une débauche d’horreurs
Une énergie joyeuse et cataclysmique
La fête païenne orgasmique fatale
Et perdue au milieu de cette vision extatique,
La petite musique de ton souffle
Que je devine au loin,
Quelque part dans la vallée
Avec la vie qui doucement
Sans impatience,
Palpite dans ta gorge.

Yaourt

Et dans mon coeur endolori
Gargouille encore
Une potion suave,
Et blanchâtre et laiteuse
Avec des vrais morceaux
D'icelle
Dedans

Endlessly

Dans la splendeur d'un soir de gel
Quand tombe la neige sur nos souvenirs
A la sortie d'un bar douteux
Au réveil d'une courte nuit
Au moment précis où tombe
Une goutte de pluie dans ton cou
Quand tu retires ta main
Au fond des bacs de livres de la bibliothèque
En me relevant de lacer mes chaussures
En apercevant Guillaume qui passe là par hasard
Au moment où sonne mon réveil
(ça fait longtemps que je ne dors plus)
En lisant Bertrand Belin sur la tranche d'un CD
En observant un bouquet fané
Quand vibre mon portable
Sur l'esplanade du multiplex
Derrière le rideau de ta douche
En voyant ton sourire qui illumine
Ton visage et ma vie
Au retour du supermarché
Quand mon coeur saigne ton absence
A l'horizon de ma folie
En enfourchant une moto jaune
Quand tu sors du freezer
Des blocs de soupe congelée
Quand je regarde mes mains
En souvenir de ta salive
Dans un faisceau de lumière verte
En sortant de la pharmacie
(où je suis allé pour toi)
Au plus fort de l'averse
En sentant ton odeur sur mes doigts
A chaque instant de mon existence
Je te veux

Ô la belle nuit

Enveloppe d'oubli

mardi 23 février 2010

Mouvizes

Les halls de cinéma
Sont des gouffres sans fond
Des déserts sans fin
Où soufflent des ombres
Malveillantes

Il me semble que j'ai froid

A l'intérieur
Je ne vois qu'un horizon de lumière
Blanche
Vide et glacée
Au-delà du rideau
Des orgues lacrymales
Ce que je perçois est un songe
La réalité est absence
De l'essentiel

Intoxication

J'ai goûté le poison de tes lèvres

Le temps est à la suie

Et dans son âme
Il neige
Des flocons noirs.

Sans titre

Rien n'est beau comme
La fenêtre de la voisine
Lorsqu'elle s'absente
Et que subsiste
Dans la pénombre
Le souvenir léger
Des mouvements
De son pull rouge
Et qui est là
Qui est là
Au creux du songe
Qui te souffle malicieusement
Que toi aussi
Ce pull écarlate
Tu l'enfilerais bien
Pendant qu'elle-même
Y est encore
Pour vérifier
Qu'il est bien rouge
Comme le souvenir
De la pénombre
Qui subsiste
Dans la fenêtre
Pendant l'absence
De la voisine
Que rien n'est beau comme.

Horloge

Ton lit est une pendule
Ton corps indique les heures
Le mien marque les minutes
Au centre, nos lèvres se touchent
A 4H20 nous ferons l'amour.

Offrande

Je voudrais pas crever
Sans avoir vécu
Ce matin de soupente
Où sous l'impact des baisers
Picorés
De ton front de lumière
Sans oublier aucune parcelle
De ton visage
Tu reflueras
Jusqu'au lit
Où tu sombreras
Epanouie et offerte
Comme un paquet cadeau
Bien emballé
Que tout d'abord
Fébrilement
Et fasciné
On n'ose pas toucher

Sans toi

Jour pâteux figé gourd et terne
Jour de soleil lent et fade
Jour creux apathique aride
Jour d'attente morne et froid
Jour sans toi

Plaie ouverte

C'est un trou de verdure où je ne vais plus guère
Les haillons d'argent au bord de la rivière
N'ont plus d'attrait
Tant de monde en ce petit val
Qui mousse de rayons
Où il me plaisait
De me croire seul à tes côtés
Désormais chaque fois
J'en reviens écorché
D'un trou rouge
A la poitrine

Vol de nuit

C'est l'heure où le silence écrase la nuit.
Ses efforts assourdissants me réveillent.
Les angoisses des hommes gavées d'obsessions
M'accablent.
Je voudrais vivre mais
Aucune source qu'auprès de toi ton souffle.
Je viens au plus près.
Je capte tes rêves.
Je te recueille et te détaille :
L'imperceptible frémissement.
Pas de doute,
Tu pars au grand largue.
Du bout des lèvres je cueille
La fleur de ta peau
Qui frissonne
Et parcours des yeux
Tes chemins creux.
Je les survole de si près.
Un champ de luzerne soudain
Frémit de mon soupir
C'est là que je veux être
Et fiévreusement
Patienter
Que tes songes m'apportent
A boire
Un peu de ton eau sacrée.

Jeu

Patiemment

Avec raffinement

Jouissant du temps qui passe

Savourant la souffrance

Lente et perverse

De ses yeux noirs

mi clos souriants

La tigresse

Comme avec une loque

Se joue d'un moribond.



samedi 7 novembre 2009

Point de départ, pas d'arrivée

Une femme

Dans un train.

A l'heure de grande lumière

Après tout

Un pays de bois et de soleil

Qui bronzait les falaises

Et les freins qui crissent

Des humains trépassés

Par les événements

Chacun de son côté

Sur un chemin privé ou bien là-bas

Dont une qui

Lisait

Dans cette verdure immense et ravagée

Jusqu'au moment de

Broyer les songes et déjà

Comment t'oublier ?

Irradié

ça y est.
La nuit ardente
Sans recoin d'ombre
Aucun lieu de repli
Son incandescence
Son indécence si lumineuse
Et la combustion fraîche
En cette nuit d'octobre
De ses deux seins petits
Crâmée dans tous les sens
Et longtemps encore
Comme perforé
De douces craintes
Dans ma bouche,
Le goût de sa salive.

Quand tu dors

Il ne se passe pas rien

Dans le creux des chemins

Sourdent les eaux

souveraines

Frémit le fil vibrant

Mais il faut tendre l'oreille

Je batifole et je lévite

Je te survole

Et je te frôle

Rien ne ridera

Ce soir

Le miroir des rêves que

Sans doute

Tu poursuis

Bien au-delà du bien que je te souhaite

Pas mal par delà le mal qu'on se donne

A vivre

Ensemble

C'est l'heure

Où tout semble haleter

Dans l'attente figée

D'un soupir

Comme le dernier souffle de la vie

Du coeur qui me lâche

Dans le creux des chemins

Il ne se passe pas rien

Quand tu dors.

Filets d'eau

Il pleut.
Du haut de la vitre s'allongent
Des gouttes qui roulent
En zigzags bizarres et aléatoires
Jusqu'au bord de ce carreau
Crasseux noir
A travers ce filtre étrange
s'invente un monde triste
Mais vivant
Errent sans fin
Une vieille chienne
Aux tétines lasses
Poil gris et sale
Gueule ouverte comme un sourire
Un pauvre hère
Qui tend la main
Crevassée rouge des plaies
Barbe en buisson
La femme au pull multicolore
Trop grand
Le ventre comme une pastèque
Lourd comme le destin de plomb
Et qui s'arqueboute
Avec toute l'énergie
De la vie
Sur une poussette où somnole
Un bouchon frisé
La mamie en mauve
Et son cabas
Gris
Qui couine de rouille
Sur le pavé lisse
Humide
Et cette senteur
Moite
Cette touffeur
Qui prend la gorge
Ces remugles d'ennui
Qui plongent
De sombres émois
Aux froides heures
De l'angoisse enfance
Pourtant
Pourtant
Malgré l'eau brune
Qui assassine
Patiemment
L'espoir
De ses volutes insensées
Sur ce carreau sali
Je sais ton sourire
Et tes yeux noirs
Quelque part
Dans la ville
Et qui tendrement
M'appellent

Dislocation

Or je ne me souviens plus
A quoi bon il n'en reste à quoi bon
Dis leur mais dis leur toi
Qu'est-ce qui fond là, la tache, là
Et tout ça qui ne tient plus
Qu'est-ce qu'il fallait que je dise
A partir de ses hanches je ne sais plus
Tout s'éparpille dans des fulgurances qui me filent l'herpès sauvage
Qu'est ce que ça peut foutre désormais
Ses hanches les fulgurances l'herpès ce filet de vie qui coule
C'est rouge mais si tu vois bien c'est rouge
C'est de l'énergie qui sang va
Plus un brin dans mes rouages
Qu'est ce que ça peut foutre ce qu'il fallait que je dise
C'était accroché là et puis pffuit nom de Dieu c'est parti où
Avec ses yeux tout lavé
Mais je ne me souviens plus
Il en reste si peu tout éparpillé
Il y avait des gens qui disaient qu'ils m'aimaient
Ils m'aimaient qu'ils disaient
Pourquoi ils ont pas vu que je fondais
Dis leur mais dis leur toi j'avais un compas dans le crane
Des lambeaux de moi qui tombaient et séchaient par terre
Eux ils marchaient dessus
J'avais plus de mains à force
J'essayais de les voir mais pas moyen
Je savais je le savais
Le bout du chemin
Où je ne peux pas me retourner
Mais tout est trop tard
Elle va me jeter

Comment peux-tu vivre sans moi ?

Moi-même, j'ai beaucoup de mal.

Rando

Il les avait vus approcher. Par la fenêtre, pendant qu'il faisait la vaisselle, penché au-dessus de l'évier.
Ils avaient l'air de chercher leur chemin, hésitant sur la route à prendre. Elle avait tendu la main vers lui, exigeant la carte qu'il observait immobile. L'ayant prise, elle s'était assise sur le talus d'herbe de l'autre côté de la route pour la déplier. Ils avaient l'air heureux. Elle souriait en cherchant à se repérer sur la carte bleue. Elle lui dit quelque chose, et il alla s'asseoir près d'elle. Pour mieux voir, il posa son menton sur son épaule. C'était ce qu'elle attendait. Tout son être exprimait cela. C'était certainement un bon moment à vivre, et très agréable à regarder aussi. Après quelques échanges, ils se levèrent et approchèrent de la maison. L'homme sortit à leur rencontre et leur confirma qu'ils ne se trompaient pas de chemin.
Il les vit disparaître au coin du hangar, dans un mouvement de bonheur. Il les envia.

Il y a

mais qui le sait
Des petits bonheurs cachés
Dans tes poches.

Khamsa fi aïnihoum

J'amoure à sanque toila
Débloque à cournuit clère
Resenque dancla gorge aplein
Déglutige qualenvec vomidamours
Relancenleuil déclair zébralafoudre
J'amoure d'atrosse pardépas science
Rame à rager leplus des stimes assois
Et j'arévoque éperdutanche qualanguipour
Dévorage atonpli quitouche elmeur
Esdiquoi quarien navaurien plus
Ensbati veclage quirongeatout
Esquidit quelmetutou parlavi
Quajamourelle tantétan
Et tantésitout

Hypothèse

Si jamais
Jamais je ne devais revivre ça
L'aurore aux doigts de rose
Dans tes bras

Je partirais dans le couchant.

Ô le manque de toi

Comme une grosse vache
Là posée devant moi
Gonflée avec sa panse
En forme de barrique
Et qui ne bougera pas
D'un pouce ni d'un pas
Qui me bouche la vue
Et défie mes pensées
Nargue ma liberté
Et lentement me tue

Le bonheur

Ténu
A un crin de cheval
Tenu
Epée de Damoclès