jeudi 25 mars 2010

Vespéral programme

T'emmener au fond des bois
Noirs
T'y faire subir des sévices
Roses
Atroces
Comme
Te chatouiller
La catachrèse
Avec un brin d'herbe
Jusqu'à ce que tu éternues
Te prendre dans mes bras
Pour te porter dans la clairière
En faisant exprès
D'accrocher ta robe aux épines
Pour qu'elle se déchire
Chercher ton anacoluthe
Dans les buissons
Puis la retrouver dans l'extase
Fêter ça
En buvant une coupe
De ta salive
Exiger que tu me montres
Sur le champ
Ton esperluette
La détailler jusqu'à ce que tu rougisses
De l'intérieur
Retirer le lacet de ton ellipse
Attacher avec
Tes poignets à une branche de houx
Puis poser mes lèvres sur ta bouche
Et attendre...

Attendre
Dans une sereine angoisse
Que s'apaisent
Nos oxymores
Et que se pose
La nuit brune
Sur tes yeux clos
Et mon coeur lourd

samedi 20 mars 2010

A la vue

De tes sphères hémistiches
Chacun s'entiche
Et se pourlèche
Ce sont des mines de phosphore
Dont j'explore en expert
Les tons de pêche

On dirait tout d'un coup
Que ce serait au fond du pré
Aux myrtilles
C'est là que te chatouillent
Des brindilles
A la racine de ton cou
Là où naissent les premiers cheveux
Ma main s'attarde à ton genou
Encouragée par tes frissons
S'enhardit sous ta jupe bleue
Pourquoi me dévores-tu
De tes grands yeux ?
Tu respires fort !
Tu me veux polisson ?
Mais qu'est-ce que tu me chantes ?
Non, ma chandelle n'est pas morte !
Vois ! Elle palpite et s'emporte
Et mêle en des rêves éveillés
De son oeil de cyclope
L'appel de ta fente
Puis pour clairement t'exposer
Le fin du fond de sa pensée,
Va jusqu'au fond des choses
T'emporte et te bouscule

Au paroxysme du climax
Quand tout implose dans l'extase
Par compression de ton thorax
De ce geyser minuscule
Emplit ton antre de satin
Enfin, repus de satiété
Nous nous coucherions tête-bêche
Et me serrant à ton côté
J'admirerais ces petits pieds
Que sentimentalement je lèche
Prenant le temps de contempler
La source claire qui rejaillit
Du lait qui suinte en ce ravin
Au pré d'avril qui reverdit

mercredi 17 mars 2010

Si nos vies...

Un jour
Et ce sera une nuit
On se réveillera
Etonnés
Couchés
Tête bêche
L'un contre l'autre
Sous le baldaquin
D'un ciel d'été
Et serrant tes genoux
Dans mes bras
Je vérifierai
Longuement
-Quelle idée ridicule-
Qu'il n'y manque
Pas une rotule

dimanche 14 mars 2010

Postériorité

Rassemblant tes envies

Cours à la mise en bière

Souffre qu'ils te vomissent

Des bas vers élégants



Quand, aux pieux souhaits

D'été, par des relents

Répulsifs et gerbants

Tu connaîtras quelques tourments,

N'oublie pas de les déterrer



Ils sont à vomir

Les courts espoirs atrophiés

S'inclinent comme des monts

Léchés telles femelles grasses

Sucées les chairs mortes et fades

Le ressort de vanter tes nerfs effilés

S'appuie comme branle au vent,

Pend lamentablement et tu pleures :

"Oubliez-moi !"

samedi 13 mars 2010

Lecture au poil

Etourdi des vapeurs sous tes aisselles
Comme un poisson dans l'eau d'vaisselle
Je feuillette et détaille comme d'un livre
Les pages, tes pilosités qui m'énivrent

mardi 9 mars 2010

Aurore

J'avais vu le jour dévorer l'obscurité
Du lit déplacé sous la fenêtre, j'observais la ronde des goélands,
En te gardant doucement,
Lovée dans mes bras.
Tu dormais.
Je voulais attarder en moi
Ta respiration lente.
Le temps n'était pas arrêté,
Mais je le tenais,
Au bout de mes doigts,
Et la peur depuis quelques heures m'avait oubliée.

A droite au-dessus de la jetée, une lune pâle
Sombrait aux abysses verts
Et je vis ton sang,
Fluide écarlate
M'emplir les yeux.

Je passai mes mains au plus près de ta peau,
Sous le linge froissé de ta chemise de nuit,
Blanche.
Je te serrai un peu plus encore.
Tu te nichais douillettement,
Et renversais la tête en arrière,
Légèrement.
En soupirant, tu te rendormis profondément.
Tout près de mon visage, tes lèvres entrouvertes
Promettaient la folie
Et semblaient décocher,
Contre ma mort,
Des traits définitifs.

L'univers bleuté qui s'agitait au-dehors
Rappelait qu'un jour nouveau venait,
Plein d'incertitude.
Alors que là, dans mes mains, sur ma peau, à l'instant même.

Une mare de lumière incandescente
Sur les draps allumés
Nous inonda bientôt.
Le sommeil nous abandonna.
L'âtre aux cendres refroidies,
La terre battue du sol,
Les murs humides.

Je mordis ton cou.
Tu gémis,
Mais tu ne dis rien,
Comme d'habitude.
Aujourd'hui, tu porteras un foulard.
Bleu, peut-être, et j'y verrai l'aube faible,
Qui m'aura vu survivre,
Un peu.

mardi 2 mars 2010

Refuge

Et quand l'orage éclatera
Ayant grimpé en lourds nuages
Des fonds secrets de la vallée
Jusqu'aux plus riants pâturages
Où nous étions à gambader
N'ayant que toi pour m'abriter
Je me réfugierai
Sous ta robe légère
Et en ce sanctuaire
Lieu retiré et grave
De suaves délices
Calé entre tes cuisses
Délicates entraves
Serrées sur mes épaules
Me viendront des visions
D'extases d'implosions
De batailles d'Arcole
Et de fers croisés

Quand les cieux nettoyés
Des oripeaux aqueux
Qui les défiguraient
Je quitterai à regret
De ma prison dorée
Les barreaux potelés
Viendra le temps radieux
Des escargots décomplexés
- Tiens, tu constates avec moi
En touchant mes cheveux
Qu'un de ces encoquillés
Laissa là-haut dans son sillage
Une trace humide et persistante
Preuve probante
Qu'au milieu de l'orage
Et de mon crâne dégarni
Un mollusque un peu téméraire
A pris son pied dans le tonnerre
Et m'a laissé l'âme ravie