Peu me chaut
Que nous soyions en froid
Le temps panse les plaies
Dis, tu me reviendras ?
Hein, dis, tu m'reviendras ?
Les bourgeons montreront leur nez,
Dans un petit brouillard printanier,
Avec des poches sous les yeux
D'avoir été trop amoureux,
On dit qu'on serait dans un jardin
Et ça c'est typique du bonheur
Où pousseraient ça n's'invente pas
Des fruits de la passion et des ne m'oublie pas
Comme les chairs de poules
A tes bras nus de brume
Faudra qu'tu penses à mettre un pull
Il manquerait plus que tu t'enrhumes
Si ça rime pas et qu'c'est bancal
J'ai pas trouvé de rime en "ule" !
T'inquiète Bounette, c'est d'la licence
Et à propos j'ai souvenance
D'un bout d'chanson de cet idiot
De Philippe Val, mais rigolo :
"Pour te plaire, ah, quel boulot,
J'ai dû délaisser Hugo
Verlaine et Appolinaire
Pour lire du Kant quelle galère !
Mais ça valait la chandelle :
Sous tes airs immatériels
Tu cachais des connaissances
Supérieures à la licence." *
D'avoir négligé de dormir,
De n'avoir pensé qu'à guetter
Les commissures de tes sourires
Au long de minutes égrenées
Qu'il faudrait surtout pas manquer
Sous peine d'avoir rien pigé
Rien piqué rien picoré
Et c'est typique du bonheur
A surveiller tes pieds mouillés,
Tu vas encore attraper froid
Où comme ils disaient autrefois,
Tu vas sombrer dans des langueurs
Quand on en pince pour quelqu'un
Et on dirait que ce serait toi
Ce serait une grave erreur
De n'pas te garder sous les draps
Et tu vois bien que peu me chaut
Que nous soyions encore en froid
Si tu me reviendras.
* "L'étudiante", Philippe VAL, 1988